• L'influence du facteur femme : nouveau mystère de la scène politique française

    Il y a quelques mois, je suis tombé sur une analyse de Claire Bommelaer, journaliste au Figaro (Figaro du 22/11/2006), intitulée "l'influence du facteur femme : nouveau mystère de la scène politique française". Pour la volonté, la force et le renouveau politique que conduit Ségolène Royal, je ne puis m'empêcher de remettre cet article ici que je trouve très bien fait, en-dehors de toutes considérations journalistique et politique. Merci à Claire Bommelaer.




    Pour la première fois en France, une femme est en position d'être élue à la plus haute fonction. Dans un pays où le président de <?xml:namespace prefix = st1 ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:smarttags" /><st1:PersonName w:st="on" ProductID="la République">la République</st1:PersonName> incarne <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Nation">la Nation</st1:PersonName> autant qu'il la dirige, on mesure encore mal la révolution que cela représente. « C'est un moment historique », titrait le Herald Tribune, après l'investiture de Ségolène Royal.

    « L'heure des femmes a sonné », augurait de son côté Bernadette Chirac.<?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>La montée des femmes en politique, ainsi que la prise en compte de la question féminine, a été lente. « Un ministère de <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Condition">la Condition</st1:PersonName> féminine ? Et pourquoi pas un secrétariat au Tricot ? » ironisait autrefois Charles de Gaulle.
    Il a fallu attendre les années 1970, pour que, sous l'égide de Valéry Giscard d'Estaing, des femmes de tête - dont Simone Veil, Françoise Giroud et Alice Saunier-Seïté - fassent leur apparition sur la scène politique.<o:p> </o:p>Le phénomène reste alors timide, notamment parce que le vivier des femmes pouvant être ministre n'est pas très large. De plus, les quelques femmes entrées en politique ont la vie dure et le font savoir. Le milieu est machiste. On se souvient des remarques très en dessous de la ceinture faites à Dominique Voynet, ministre de l'Environnement sous Jospin, par des chasseurs en colère. Et du surnom de « Pompadour » jeté à Édith Cresson lorsqu'elle était devenue premier ministre. Toute une génération de femmes nées après guerre - dont Michèle Alliot-Marie - évitera d'ailleurs de surjouer la carte de la féminité, afin de se protéger. « Je ne suis pas féministe », disait souvent Martine Aubry, comme pour échapper à son destin.<o:p> </o:p>

    En 1991, Édith Cresson est nommée premier ministre. C'est une première, mais la mayonnaise ne prend pas. Sa nomination fait, en quelque sorte, reculer la cause des femmes. En <st1:metricconverter w:st="on" ProductID="1995, l">1995, l</st1:metricconverter>'affaire des « juppettes » - 8 femmes ministres remerciées par Alain Juppé du jour au lendemain - démontre aussi la fragilité du mouvement de féminisation. « Il y a eu un avant et un après-juppettes », explique un sondeur. L'affront fait aux femmes sera réparé, mais par la gauche. En 1997, Lionel Jospin fait entrer, à des postes clés, Martine Aubry, Élisabeth Guigou, Marylise Lebranchu et Dominique Voynet. Il fait également voter une loi sur la parité, obligeant les partis politiques à présenter aux législatives, sous peine d'amende, autant d'hommes que de femmes. Il modifie <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Constitution">la Constitution</st1:PersonName> en ce sens. 


    Beaucoup à l'époque - dont la philosophe Élisabeth Badinter - tonnent contre cette « rupture d'égalité républicaine » et cette politique de quotas qui ne dit pas son nom. Mais le mouvement est bel et bien lancé. En 1999, Michèle Alliot-Marie prend la tête du RPR. Poussés par la loi, conscients que l'électorat féminin représente 55 % des électeurs, les partis s'y mettent.




    Les électeurs - et plus encore, les électrices - en redemandent. Ainsi, plus de 71 % des Français souhaiteraient que le nombre de femmes augmente en politique.




    Première explication de cet engouement : la promesse d'un renouveau. À la question de savoir ce qui attire le plus dans la candidature de Ségolène Royal, 37 % des Français répondent simplement : « C'est une femme » (Ifop-JDD, novembre 2006). 

    Ségolène Royal a beau être en politique depuis vingt ans, elle porte donc sur elle l'idée de nouveauté et d'alternance. Dans une moindre mesure, c'est aussi le cas de Françoise de Panafieu, qui va représenter la droite aux municipales à Paris. Ce renouveau fait pendant à la critique récurrente des Français selon laquelle « ce sont toujours les mêmes » qui tiennent les rênes du pouvoir. « Il y a un climat de défiance à l'égard de la classe politique, censée être loin des gens, du peuple ou tout simplement de soi-même », indique un sondeur.<o:p> </o:p>L'argument féminin est pour l'instant imparable. « Quelles différences y a-t-il entre vous ? » ont demandé les journalistes de <st1:PersonName w:st="on" ProductID="La Chaîne">La Chaîne</st1:PersonName> parlementaire aux trois candidats socialistes : « Il y en a une qui est visible », a rétorqué Royal. 

    Derrière cette évidence se profile l'espoir que les femmes puissent être porteuses d'un changement en profondeur. Qu'elles fassent « autrement ». « Elles sont créditées d'un certain nombre de valeurs, que porteraient mal les hommes », explique un autre sondeur.


    Proximité, connaissance du terrain, sens du concret, du social, meilleure écoute, plus grande capacité à résister à la corruption, voire humanisme... l'opinion les investit de qualités réputées peu masculines. « Elles sont des hommes politiques comme les autres, à ceci près qu'elles sont plus proches de la vie quotidienne », affirme Dominique Voynet.<o:p> </o:p>

    Elles sont plus sensibles aux problèmes des enfants, de l'environnement, des personnes âgées. On doit aux femmes la pression pour créer des crèches ou réduire la circulation dans les grandes villes. On leur doit aussi, par exemple, la pilule du lendemain. C'est en partie grâce à elles que les conseils municipaux tardifs ont du plomb dans l'aile. 


    Mécaniquement, sous l'effet de la loi sur la parité, le nombre de femmes députés va exploser en 2007. Pour l'instant, il n'y en a que 12 %, ce qui place <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la France">la France</st1:PersonName> loin derrière la plupart des pays européens. Leur présence massive dans les grandes instances démocratiques, dont le Parlement, marquera l'irruption d'une certaine modernité, le recul de la « mentalité de caserne » et l'amorce d'un rééquilibrage.

    Les femmes ne forment-elles pas la moitié de l'humanité ?<o:p> </o:p>Que durera cet « effet femme » ? Logiquement, plus il y aura de femmes, moins elles incarneront le renouveau. Plus il y aura de femmes, plus elles manifesteront des manières diverses d'exercer le pouvoir. Après tout, toutes les femmes ne sont pas des mères d'enfant en bas âge et toutes n'ont pas forcément envie de diriger une « commission famille ». « Cela va durer au moins vingt ans », pronostique tout de même Pierre Weil, de <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Sofres. Car">la Sofres. </st1:PersonName>

    <st1:PersonName w:st="on" ProductID="la Sofres. Car">Car</st1:PersonName>, dit-on, « les femmes ne veulent pas le pouvoir pour le pouvoir, mais pour l'exercer ».


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