• Différences par Robert Schneider dans le nouvel obs

    Différences

    Deux passages importants du discours de Ségolène Royal à Villepinte ont été insuffisamment soulignés.

    D'abord tout ce qui concerne la régionalisation et la réforme de l'Etat. Un Etat devenu trop lourd, dit-elle.

    Avec trop de ministères, trop de textes législatifs ou réglementaires, trop d'administration centrale.

    Elle ne dit pas trop de fonctionnaires, comme Sarkozy, mais plaide pour une meilleure répartition, pour que cesse la superposition des compétences. La meilleure manière de redonner un coup de jeune à l'Etat, de le moderniser, de le rendre plus performant et moins coûteux, c'est de mettre fin à l'Etat colbertiste, jacobin, à une centralisation qui ne correspond plus aux exigences d'autonomie, de responsabilité, de liberté qui montent de toute la France.

    En finir avec une bureaucratie nationale souvent rendue inutile par la création de postes de fonctionnaires régionaux.

    C'est une révolution culturelle que Ségolène Royale propose à une gauche qui traditionnellement croit aux vertus de l'Etat.

    Elle ne veut pas moins d'Etat mais mieux d'Etat. Un Etat central pour fixer les règles, pour assurer les fonctions régaliennes – police, justice, défense...- le reste, tout le reste ou presque doit être décidé plus près des citoyens. C'est la logique de la démocratie participative préconisée par la candidate socialiste. C'est cette réforme qui permettra de créer des marges d'action financière, d'offrir plus d'efficacité et tout autant d'égalité grâce à un fond de péréquation des régions.


    Ségolène Royal a aussi consacré une partie de son allocution aux quartiers difficiles. Contrairement à Sarkozy, elle n'a pas oublié les émeutes de banlieue, l'an passé.

    Elle a compris que ce problème était primordial pour le pays tout entier et qu'il deviendrait réellement explosif si l'on ne le prenait pas à bras le corps.

    En dépit de ce qu'affirme la droite elle ne prône pas le laxisme pour les délinquants. Au contraire. Et là encore elle ne craint pas de heurter la culture de gauche.

    Mais elle ne croit pas , comme Sarkozy, qu'il suffit d'envoyer la police pour rétablir l'ordre. Elle préconise en effet un effort exceptionnel, toute une série de mesures pour lutter contre les inégalités, les discriminations, l'insécurité sociale...

    Les média ont surtout retenu un moment d'émotion : « Au plus profond de moi, si je suis présidente de la République, je veux réaliser pour chaque enfant né ici, ce que j'ai voulu pour mes propres enfants. » Cette phrase, elle l'a dite des sanglots dans la voix.

    Comme si elle se voulait la mère de tous les enfants de France et surtout des plus défavorisés.

    Mais au-delà de ce moment d'émotion c'est une ambition forte qu'elle a exprimée. Décentralisation, banlieues, voilà deux domaines où les ambitions et les propositions de Ségolène Royal font mentir ceux qui disent ou croient que son projet n'est pas très différent de celui de Sarkozy.


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